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— N’y a-t-il pas le jardin ?… Les fleurs n’ont-elles pas besoin qu’on les soigne ? remarqua Phœbé… L’exercice en plein air me conserverait la santé.

— Mais d’ailleurs, enfant, s’écria Hepzibah se levant tout à coup pour en finir, il ne m’appartient pas de dire à qui Pyncheon-House doit servir de résidence, soit pour un temps, soit d’une manière permanente !… Le maître de la Maison doit bientôt arriver.

— Voudriez-vous faire allusion au juge Pyncheon ? demanda Phœbé très-étonnée.

— Le juge Pyncheon ! répondit la cousine, blessée au vif… Il ne songera guère, moi vivante, à franchir le seuil de la maison où je vis… Ce n’est pas de lui qu’il est question, et je vais, Phœbé, vous montrer le visage de l’homme dont je parlais ! »

Elle alla chercher la miniature que déjà nous avons décrite, et revint la tenant à la main. En la remettant à Phœbé, la vieille fille examinait avec soin l’expression de ses traits, comme jalouse de savoir l’effet qu’allait produire cette image sur une âme candide et jeune.

« Aimez-vous cette figure ? demanda Hepzibah.

— Elle est belle, très-belle ! répondit Phœbé avec une admiration sincère… Elle a toute la douceur qui peut et doit appartenir à un visage d’homme. Sans être puérile, son expression a quelque chose d’enfantin qui commande une affectueuse sympathie… À un être pareil on voudrait épargner, fût-ce au prix de bien des peines, toute fatigue et tout chagrin… Qui donc est-ce, cousine Hepzibah ?

— Avez-vous jamais entendu parler de Clifford Pyncheon ? murmura celle-ci, penchée à son oreille.