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« Chère cousine, lui dit-elle, je ne sais encore ce qu’il en sera ; mais il me semble que nous pourrons nous faire l’une à l’autre infiniment mieux que vous ne le supposez.

— Je vois bien que vous êtes une brave fille, reprit Hepzibah, et ce n’est pas là ce qui me fait hésiter. Mais, Phœbé, cette mienne maison est une triste résidence pour une personne de votre âge. En hiver, dans les greniers et les chambres du haut, pénètrent le vent, la pluie et même la neige. Quant au soleil, il n’entre jamais ! Et pour ce qui me concerne, vous voyez ce que je suis, — une vieille femme solitaire et triste, dont le caractère, je le crains, n’est pas des meilleurs, et dont le courage est aussi bas que possible. — Je n’ai, cousine Phœbé, ni de quoi vous rendre la vie agréable, ni même, hélas ! de quoi vous faire vivre.

— Vous trouverez en moi une petite personne assez gaie, répondit Phœbé, qui, tout en souriant, gardait une sorte de dignité douce ; et le pain que vous me donneriez, je prétends bien le gagner. Je n’ai pas reçu, moi, l’éducation d’une Pyncheon, et dans nos villages de la Nouvelle-Angleterre, une jeune fille apprend bien des métiers.

— Pauvre Phœbé ! soupira Hepzibah, vos talents ici ne vous serviraient guère, et quelle triste idée que celle de voir votre jeune âge se consumer lentement en un si misérable séjour !… Au bout d’un mois ou deux, le savez-vous ? cette teinte rose aurait quitté vos joues… Regardez mon front !… — Le contraste, en effet devait frapper. — Vous voyez comme je suis pâle !… J’ai idée que la poussière de ces vieilles maisons en ruine est malsaine pour les poumons.