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toire poudreuse ; il y avait aussi, contre l’un des panneaux, un grand meuble noir d’apparence étrange, que la noble demoiselle appelait « un clavecin. » Il ressemblait à une bière plus qu’à toute autre chose, — et en effet, n’ayant pas été ouvert depuis tant d’années, il devait renfermer pas mal de musique morte faute d’air. Alice Pyncheon était la dernière personne dont les doigts eussent fait vibrer les cordes du gothique instrument.

Hepzibah pria sa jeune parente de s’asseoir, et plongeant sur son frais visage un regard scrutateur :

« Cousine Phœbé, lui dit-elle enfin, je ne vois réellement pas moyen de vous conserver auprès de moi ! »

Ces paroles, néanmoins, n’avaient pas le caractère inhospitalier que pourrait leur attribuer un lecteur inaverti. Les deux parentes s’étaient déjà expliquées la veille au soir, et commençaient à se comprendre. Hepzibah savait à quoi s’en tenir sur les circonstances particulières, (résultant d’un second mariage contracté par la mère de la jeune fille,) qui obligeaient Phœbé à chercher un établissement au dehors. Elle ne se méprenait pas non plus sur le caractère de cette enfant qui, vaillante et généreuse comme les femmes de sa race, ne devait vouloir s’imposer gratuitement à personne. L’exilée du foyer domestique était naturellement venue vers Hepzibah, sa plus proche parente, sans prétendre revendiquer sa protection d’une manière absolue, — mais simplement pour passer avec elle une semaine ou deux, quitte à prolonger indéfiniment son séjour, si cela pouvait convenir à l’une et à l’autre.

Phœbé répondit donc avec autant de franchise, et plus d’aménité, à la remarque un peu brusque de miss Hepzibah.