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sitôt y trouvait à dire, ne s’apercevant pas que tout le mal résultait, et de l’agitation du moment, et de ces minutieuses exigences, attribut ordinaire du célibat chez les vieilles filles.

Peu après, deux ouvriers, qu’on reconnaissait pour tels à leurs voix rudes, se rencontrèrent devant le magasin. Quand ils eurent échangé quelques mots d’affaires, l’un d’eux remarqua l’étalage et le fit remarquer à son camarade.

« Voyez donc ! s’écriait-il… Et que pensez-vous de ceci ?… Le commerce prospère, à ce qu’il paraît, dans Pyncheon-street.

— En effet, voilà de quoi regarder, s’écria l’autre… Dans le vieil hôtel Pyncheon, à l’ombre du grand orme Pyncheon !… qui diable s’en serait avisé ? La vieille demoiselle monte donc une boutique à deux sous ?

— Oui… mais la fera-t-elle marcher, Dixey ? reprit son camarade… L’emplacement ne me paraît pas bien choisi… Et justement, là au coin, une boutique rivale…

— La faire marcher ? s’écria Dixey, du ton le plus méprisant et comme si l’idée seule était une hypothèse des plus absurdes. Allons donc ! Et son visage ?…

— Je le connais assez, car toute une année j’ai travaillé chez elle, au jardin.

— Il y a là de quoi effrayer le vieil Old-Nick lui-même, si jamais l’envie lui prenait de trafiquer avec elle… Personne ne s’y habituera, c’est moi qui vous le dis… Elle vous fait la grimace, avec ou sans motif, par simple méchanceté d’humeur ?

— Oh, ceci importe peu, répliqua l’autre homme. Ces mauvais caractères sont pour la plupart fort avisés et savent à merveille de quoi il retourne… Pourtant,