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y aurait découvert un baril, — que dis-je, deux ou trois demi-barils, — dont l’un renfermait de la farine, un autre des pommes, et un troisième peut-être du blé de Turquie. Il y avait aussi une caisse carrée en bois de pin, pleine de savons en barre, et une autre, de mêmes dimensions, où étaient rangées des chandelles de suif de dix à la livre. Une petite provision de cassonade, de haricots blancs et de pois cassés, avec quelques autres marchandises à bas prix, d’une consommation régulière et quotidienne, formaient la portion la plus encombrante de l’assortiment commercial. Sauf que certains articles étaient d’une forme ou d’une, substance à peu près inconnues au temps jadis, — par exemple, un paquet d’allumettes phosphoriques, une des merveilles de l’époque moderne, — on aurait pu prendre tout ceci pour une résurrection fantastique des rayons pauvrement pourvus que le vieux Pyncheon d’autrefois avait si longtemps administrés. Il était donc évident que ce défunt épicier allait avoir un successeur. Mais qui serait ce téméraire ? Et pourquoi la Maison aux Sept Pignons avait-elle été précisément choisie comme théâtre de ses spéculations commerciales.

Revenons maintenant à notre vieille demoiselle. Ses yeux, à la longue, se détachèrent du sombre portrait ; — elle poussa un soupir, et sur la pointe du pied, avec cette allure discrète qui caractérise les femmes d’un certain âge, elle traversa la chambre, suivit un long corridor, et ouvrit une porte communiquant avec le magasin que nous venons de décrire. Grâces à la projection de l’étage supérieur, — mais surtout à l’ombre épaisse de l’Orme-Pyncheon qui s’élevait presque en face du