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s’était pas borné à laisser subsister la porte du magasin ; les aménagements intérieurs étaient restés les mêmes et la poussière des siècles, s’accumulant sur le comptoir et les rayons, avait à moitié rempli, comme si sa valeur lui donnait le droit d’être pesée, une vieille paire de balances. Dans la caisse entre-bâillée, cette poussière épaisse, trésor d’un nouveau genre, était venue ensevelir une fausse pièce de monnaie, équivalent exact de l’orgueil héréditaire que l’entreprise mercantile du vieil ancêtre avait si profondément humilié.

Durant toute l’enfance de la vieille Hepzibah, lorsqu’elle et son frère venaient jouer à cache-cache dans ce recoin abandonné, telle était la condition du petit magasin ; elle était restée la même depuis lors, si ce n’est peu de jours avant celui où se produisirent les incidents que nous allons raconter. Mais alors, un changement remarquable, — dérobé au public par les rideaux bien fermés de la petite croisée, — s’était accompli à l’intérieur de ce capharnaum. On avait soigneusement balayé du plafond les lourds festons de toiles d’araignées, que cent et cent générations d’intrépides tisseuses avaient consacré leurs innombrables vies à rendre plus épais et plus riches. Comptoirs, rayons, parquet, on avait tout épongé, tout brossé ; ce dernier même avait disparu sous une couche de beau sable azuré. Les brunes balances, elles aussi, avaient passé un rude quart d’heure, car on avait fait d’inutiles efforts pour en enlever la rouille, qui, çà et là, par malheur, les avait traversées départ en part. La vieille petite boutique était approvisionnée à nouveau. Un curieux, admis à faire l’inventaire des marchandises qu’elle renfermait et à regarder derrière le comptoir,