Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/35

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être prodiguées aux réparations matinales et à l’embellissement d’une personne mûre, qui jamais ne sort, jamais ne reçoit personne, — et dont il serait charitable, de détourner les yeux même alors qu’elle s’est décorée au mieux de ses moyens ?

Maintenant, elle est sous les armes ou à peu de chose près. Excusons chez elle un autre retard ; il est consacré au seul sentiment, ou pour mieux dire, — vu l’intensité que lui ont donné le chagrin et la solitude, à la passion dominante de sa vie. Cette clef que nous avons entendue tourner dans une petite serrure ouvre le tiroir secret d’une écritoire dans laquelle est cachée une certaine miniature, due à quelque grand artiste, et représentant un visage digne de servir de modèle aux pinceaux les plus délicats. Il m’a été donné autrefois de voir ce portrait. C’est celui d’un jeune homme vêtu d’un peignoir de soie, à l’ancienne mode, dont les teintes douces et opulentes conviennent merveilleusement à sa physionomie rêveuse, à ses lèvres en cœur, et à ses beaux yeux, enfin, animés d’une douce et voluptueuse émotion, mais où on chercherait vainement le travail de la pensée. Rien à demander aux possesseurs de traits pareils, si ce n’est qu’ils prennent du bon côté les difficultés de la vie et tâchent d’en extraire la plus grande somme de bonheur possible. Se pourrait-il que ce fût là un ancien amoureux de miss Hepzibah ? Non, certes ; jamais la pauvre fille n’a eu d’amoureux, — comment s’y fût-elle prise pour en avoir ? — et jamais son expérience personnelle ne lui a servi à traduire le mot « amour. » Il n’en est pas moins vrai que sa fidélité vivace, ses souvenirs inaltérables et son dévouement absolu, consacrés à l’original de cette