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et le nez en l’air, semble nourrir le projet d’explorer cette espèce de Montagne noire… Ah ! qui donc a fait fuir l’agile petite souris ?… C’est la tête du chat, qui vient d’apparaître sur le montant de la croisée, où il semble s’être mis en embuscade et guetter patiemment sa proie. Ce chat a une bien mauvaise physionomie. Mais, au fait, est-ce bien un chat sur la piste d’une souris ? ou quelque démon aux aguets sur le passage d’une âme ?… Nous voudrions pouvoir l’effaroucher et le faire descendre de cette fenêtre !…

Dieu merci, la nuit va bientôt finir !… Les rayons de la lune n’ont plus un éclat si argenté ; ils ne contrastent plus aussi nettement avec l’ombre noire, qu’ils interrompent çà et là. Ils ont pâli, maintenant, et l’ombre n’est plus noire, elle est grisâtre. Le tumulte du vent s’apaise. — Quelle heure est-il donc ? — Ah ! le tic-tac de la montre a fini par cesser ; le Juge a oublié de la remonter comme d’ordinaire, hier à dix heures, c’est-à-dire au moment de se mettre au lit, et pour la première fois depuis cinq ans, nous la voyons arrêtée. Mais la grande horloge du Temps marche toujours. Cette nuit désolée, cette nuit hantée fait place à l’aurore la plus radieuse, la plus fraîche, la plus transparente. On dirait une bénédiction d’en haut donnée à l’Univers entier et qui, annulant le mal déjà fait, rend toute espèce de bonté accessible à toute espèce de bonheur. Le juge Pyncheon va-t-il se lever de son fauteuil ? Cette bénédiction du soleil matinal va-t-elle tomber sur son front soucieux ? Commencera-t-il ce jour nouveau, tout imprégné des sourires de Dieu, avec des résolutions meilleures qu’au matin de tant d’autres jours, perdus pour son salut ? Ou bien s’en-