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combat !… On vous attend ; et c’est un peu dans votre intérêt que les convives ajournent ainsi leur prise d’armes. Ce n’est pas pour rien — faut-il vous le dire ? — que ces gentlemen se sont rassemblés, des quatre coins de l’État. Ce sont des politiques expérimentés qui savent, tous et chacun, arranger ces mesures préliminaires par le moyen desquelles, sans qu’il s’en doute, on subtilise au peuple le droit de choisir lui-même ses gouvernants. À la prochaine élection, la voix publique, nonobstant ses éclats de tonnerre, ne sera au fond que l’écho servile de ce que vont se dire tout bas ces gentlemen assis à la table de votre partisan. Ils viennent arrêter entre eux la candidature qu’ils entendent soutenir. Ce petit groupe d’habiles manœuvriers gouvernera la Convention des Délégués, et, par le moyen d’icelle, imposera ses volontés à tout le parti. Et quel candidat plus digne que le juge Pyncheon trouverait-on à proposer pour la première place ?… Où rencontrer plus de sagesse et d’instruction, plus de libéralité philanthropique, une fidélité aux vrais principes plus fréquemment mise à l’épreuve, une vie plus pure, une foi plus austère, plus digne des Puritains dont il descend ?

Hâtez-vous donc ! Ne manquez pas à votre rôle. Le guerdon pour lequel vous avez tant travaillé, tant combattu, tant gravi et si bien rampé, ce guerdon, vous n’avez plus qu’à le saisir. Assistez à ce dîner, buvez une ou deux rasades de ce noble vin ! prenez — aussi bas que vous voudrez — les engagements nécessaires,… et quand vous vous lèverez de table, vous serez, déjà par le fait, gouverneur de cette petite république, fraction glorieuse de la grande. C’est là ce que vous avez rêvé pendant la moitié de votre vie, et nous ne comprenons