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d’affaires et de rendez-vous de toute sorte, — et connu d’ailleurs pour sa ponctualité, — s’attarde ainsi dans une vieille maison solitaire où jamais il ne semblait venir qu’à regret. Admettrons-nous que le fauteuil de chêne a pu le tenter par ses dimensions amples et commodes ?… mais nous en connaissons de bien meilleurs, en acajou, en ébène, en bois de rose, fournis de ressorts élastiques et recouverts d’enveloppes soyeuses, qui sont par douzaines à la disposition du juge Pyncheon.

Dans combien de salons, en effet, l’attend en ce moment même l’accueil le plus flatteur. La maman viendrait à sa rencontre et lui tendrait affectueusement la main ; la demoiselle à marier — tout âgé qu’il est, tout « vieux veuf » qu’il s’intitule en plaisantant, — apprêterait elle-même un coussin pour le Juge, et s’évertuerait le plus gracieusement du monde à l’installer confortablement, car le Juge est un homme prospère et bien posé. De plus, comme tant d’autres et avec plus de raison que d’autres, il peut se bercer de flatteuses espérances. Justement, c’est ce qu’il faisait ce matin même dans son lit, où parmi les douceurs d’un demi-sommeil et tout en réglant l’emploi de sa journée, il calculait les chances probables des quinze années à venir. Avec une santé comme la sienne, et conservé comme il l’est, quinze ou vingt ans… peut-être vingt-cinq, — ne sont pas au delà de ce qu’il peut espérer. Il a donc vingt-cinq bonnes années devant lui pour jouir pleinement de ses propriétés urbaines et rurales, de ses actions dans les chemins de fer, les banques et les compagnies d’assurances, de ses capitaux en fonds publics, — bref de la richesse