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dant passé une grande partie de ma vie dans la retraite, et qui ne suis guère au courant de bien des choses, généralement connues, — même pour moi, les signes précurseurs d’un meilleur avenir se manifestent de la manière la plus évidente… Et le magnétisme, donc ?… Pensez-vous qu’il ne doive pas puissamment concourir à épurer, à quintessencier la vie humaine ?

— Bon pour les niais ! grommela le vieux gentleman.

— Ces « esprits frappeurs, » par exemple, dont la petite Phœbé nous parlait l’autre jour, reprit Clifford, que sont-ils, sinon les messagers du monde spirituel, frappant à la porte de la Matière ?… Et cette porte s’ouvrira toute grande, soyez-en sûr !

— Allons donc !… ceci est de la haute fantaisie, s’écria le vieux gentleman, que les échappées métaphysiques de Clifford agaçaient de plus en plus… J’aimerais à caresser avec une bonne canne les caboches creuses des poupées qui font circuler des énormités pareilles !

— Et l’électricité ? le Démon, l’Ange, le dernier terme de la puissance physique, la suprême, conquête de l’intelligence ? s’écria Clifford… Est-ce là, également de la haute fantaisie ?… Est-ce un fait, — ou bien l’aurais-je rêvé, par hasard ? — qu’au moyen de l’électricité le monde matériel est devenu comme un grand organisme nerveux, qu’on fait vibrer en une seconde sur une étendue de plusieurs milliers de lieues ? Mieux encore, le globe n’est plus qu’une vaste tête, un cerveau gigantesque dans lequel l’instinct combiné avec l’intelligence opère aussi rapidement que l’éclair… Ou bien arriverons-nous à cette conclusion, que la substance même tend à disparaître, et