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siblement nous ramener à l’état nomade. Vous savez, sans doute, mon cher monsieur, — votre expérience a dû vous le démontrer, — que tout progrès humain, au lieu de suivre la ligne droite, affecte la forme d’une spirale ascendante. Alors même que nous croyons marcher directement en avant, nous ne faisons que revenir sur un état de choses essayé, abandonné depuis longtemps, mais que nous retrouvons raffiné, perfectionné, idéalisé. Le Passé n’est donc ainsi que la prophétie ébauchée, matérielle, du Présent et de l’Avenir. Pour appliquer cette vérité au sujet que nous discutons maintenant, je dirai : Aux époques primitives de notre race, les hommes habitent des huttes temporaires, disons mieux, des berceaux de branchages construits aussi facilement que l’est un nid d’oiseau, et qu’ils bâtissaient, avec l’aide de la nature, là où abondait le fruit, là où multipliait le gibier et le poisson, là où l’instinct du Beau se trouvait caressé par quelque exquise disposition du lac, de la forêt, du coteau qui formaient le paysage. Ce mode d’existence possédait un charme qui n’existe plus maintenant, et il servait de prototype à quelque chose de mieux encore. Car enfin, il avait d’assez tristes compensations, la faim, la soif, l’inclémence des saisons, l’ardeur excessive du soleil, et ces longues marches qu’il fallait faire à travers d’horribles et stériles espaces, avec beaucoup de fatigue et les pieds en sang, pour occuper les oasis que leur fertilité, leur beauté rendait attrayantes. Mais, moyennant notre ascension en spirale, nous échappons à tous ces inconvénients. Les chemins de fer, — pourvu qu’on en vienne à rendre leurs sifflets harmonieux, et à se débarrasser de ce bruit inces-