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« Pour cette dame et pour vous ? demanda le chef de train… Votre destination, s’il vous plaît ?

— Nous irons jusqu’au bout, dit Clifford ; peu importe où vous arrêtez. Nous voyageons tout bonnement pour notre plaisir.

— Ma foi, monsieur, vous choisissez un singulier jour, remarqua un vieux gentleman dont les yeux semblaient percés à la vrille et qui, assis en face de nos deux voyageurs, les contemplait avec une avidité curieuse. Par un temps comme celui-ci, la meilleure chance de plaisir est, je crois, de rester dans sa maison, assis au coin d’un bon feu.

— Je ne saurais précisément me trouver d’accord avec vous, dit Clifford, qui après un salut courtois se hâta de saisir ce joint de causerie. Je pensais dans l’instant, au contraire, que cette admirable invention des chemins de fer — avec les inévitables progrès qui ne sauraient lui manquer, soit comme rapidité, soit comme bien-être — est destinée à détruire peu à peu, pour leur substituer quelque chose de meilleur, ces idées surannées de « chez soi » et de « coin du feu. »

— Au nom du sens commun, demanda le vieux gentleman d’un ton quelque peu bourru, où peut-on se trouver mieux que dans son salon et au coin de sa cheminée ?

— Ces choses n’ont pas tout le mérite que leur attribuent beaucoup de braves gens, répliqua aussitôt Clifford. On pourrait dire d’elles, en résumé, qu’elles ont assez mal servi un dessein peu méritoire. Je pense, quant à moi, que nos facultés de locomotion, accrues comme elles le sont et le seront encore, doivent insen-