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à votre fils unique une opulence qui lui ferait bénir l’heure de votre mort !… Pourquoi donc alors cette cruauté ? cruauté si insensée que je ne sais pas si elle mérite le nom de crime !… Hélas, cousin Jaffrey, cette volonté âpre et dure circule avec le sang de notre race depuis tantôt deux cents ans… Pour recommencer, sous une autre forme, l’œuvre jadis accomplie par votre ancêtre, vous allez transmettre à votre postérité la malédiction que vous avez héritée de lui !

— Au nom du ciel, Hepzibah, parlons raison ! s’écria le Juge avec une impatience bien naturelle chez un homme de bon sens qui voit invoquer, dans une discussion d’affaires, des considérations aussi parfaitement absurdes. Je vous ai dit à quoi j’étais résolu ; vous me savez incapable de changer… Clifford, s’il ne me livre son secret, devra subir les conséquences de son entêtement… Et qu’il se décide vite, car j’ai différentes questions à régler ce matin, — sans parler d’un dîner fort important où je dois me trouver avec quelques amis politiques.

— Clifford n’a pas de secret, répondit Hepzibah. Et Dieu ne vous laissera pas accomplir l’acte que vous méditez.

— C’est ce que nous saurons, reprit le Juge toujours impassible. Voyez, en attendant, si vous voulez appeler Clifford et souffrir que cette affaire se règle à l’amiable, entre deux parents que vous aurez mis en présence, ou bien me pousser à des mesures de rigueur auxquels je me sentirais fort heureux de pouvoir me soustraire. La responsabilité, dans tous les cas, pèsera sur vous.

— Je suis la plus faible des deux, dit la vieille fille