Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans pouvoir les lui faire accepter, toutes les commodités de la vie, soit qu’elle voulût en jouir dans le vieil hôtel, soit qu’elle consentît à venir habiter la moderne résidence qu’il s’était construite. La dernière et la plus jeune des Pyncheon était une petite paysanne de dix-sept ans, fille d’un autre cousin du Juge, lequel ayant épousé une personne sans naissance et sans biens, était mort ensuite de très-bonne heure et dans une situation assez misérable. Sa veuve s’était remariée tout récemment.

Quant à la postérité de Matthew Maule, on la supposait éteinte maintenant et à jamais. Les Maule, cependant, avaient longtemps continué à résider dans cette ville où leur ancêtre, le prétendu sorcier, avait subi une mort si injuste. À les juger sur l’apparence, c’étaient des gens tranquilles, probes, bien intentionnés, ne gardant rancune ni aux individus ni au public pour le tort qui leur avait été fait ; si du moins dans l’intimité du foyer, ils se transmettaient l’un à l’autre, de père en fils, quelque souvenir hostile, — relativement au sort de leur aïeul, à leur patrimoine perdu, — jamais il n’en était publiquement question, et jamais ce souvenir ne semblait inspirer aucun de leurs actes. Peut-être avaient-ils oublié que la Maison aux Sept Pignons appuyait sa charpente massive sur un sol qui leur appartenait légitimement. Le rang assigné, la richesse acquise ont quelque chose de si stable en apparence, et de si important, qu’ils semblent puiser leur droit d’existence dans leur existence même ; au moins y a-t-il là si merveilleuse contrefaçon d’un droit, que bien peu d’hommes, parmi les pauvres et les humbles, se trouvent assez de force morale pour la mettre en