Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/252

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Et pourtant, insista Phœbé, vous disiez tout à l’heure qu’un malheur les menaçait ?

— Oh ! répondit l’artiste, ceci tient à ma maladie. Mon esprit a un mauvais pli, comme celui de presque tous mes semblables, excepté vous. Il me paraît d’ailleurs si étrange de me trouver logé dans cette vieille maison Pyncheon, et assis dans ce vieux jardin (entendez-vous murmurer la source de Maule ?), qu’à part tout autre motif, je vois là, malgré moi, un dessein providentiel, un cinquième acte arrangé par la Destinée, et dès lors une catastrophe imminente.

— Encore ! s’écria Phœbé, dont l’inquiétude reparut tout entière, car elle était naturellement aussi ennemie du mystère que le soleil peut l’être de l’obscurité… Vous m’embarrassez plus que jamais !

— Séparons-nous donc en bons amis, dit Holgrave, lui serrant la main. Séparons-nous, du moins, avant que vous n’en soyez venue à me haïr, vous qui aimez tout le monde !

— Adieu donc, reprit Phœbé en toute franchise ; je n’ai jamais de longues rancunes, et je serais fâchée si vous pensiez le contraire… Et puis voici plus d’un quart d’heure que la cousine Hepzibah est debout derrière la porte !… Elle se figure que je reste trop tard exposée à l’humidité du jardin… Bonne nuit, et adieu ! »

On aurait pu voir, le surlendemain matin, miss Phœbé, son chapeau de paille sur la tête, son châle sur un bras, son petit sac de nuit pendu à l’autre, prendre congé d’Hepzibah et du cousin Clifford. Elle allait monter dans un train qui la déposerait à cinq ou six milles de son village natal.