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vous convaincu que la fin approche ? Avez-vous connaissance de quelque nouveau chagrin qui menace mes pauvres parents ?… S’il en est ainsi, expliquez-vous de suite, et je ne les quitterai pas !

— Pardonnez-moi, Phœbé, dit le photographe, lui tendant une main dans laquelle la jeune fille se sentit en quelque sorte obligée de laisser tomber la sienne. Je suis, il faut l’avouer, un peu mystique ; c’est une tendance de nature, une affaire de tempérament, tout comme cette faculté magnétique à laquelle j’aurais peut-être dû la potence, si j’eusse vécu au temps des sorciers… Croyez bien que si je connaissais aucun secret dont la révélation pût profiter à vos amis, — qui sont aussi les miens, — je vous le communiquerais avant notre séparation. Mais cela n’est pas, et je ne sais rien.

— Il y a là une réticence, dit Phœbé.

— Pas la moindre. Je n’ai d’autres secrets que les miens, répondit Holgrave. Je constate, à la vérité, que le juge Pyncheon semble vouloir ne pas perdre de vue le malheureux Clifford, à la ruine duquel il a si largement participé. Mais ses intentions, ses motifs sont un mystère pour moi. C’est un homme résolu, inflexible, vraie nature d’inquisiteur ; et s’il pouvait espérer quelque profit en mettant Clifford à la question, je crois parfaitement qu’il n’y regarderait pas à deux fois pour lui infliger les tortures les plus atroces… Mais riche, éminent comme il l’est, si puissant par lui-même et par tous les secours que la Société lui fournit, que peut avoir à craindre ou à espérer le juge Pyncheon de ce pauvre idiot dégradé, de ce Clifford à moitié paralytique ?