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close l’enquête qui avait pour but de faire retrouver l’acte de propriété en vertu duquel les Pyncheon auraient pu revendiquer le territoire de l’Est ; et bien que cette enquête ait été renouvelée à plusieurs reprises depuis lors, nous n’avons pas appris qu’aucun membre de cette famille ait eu le bonheur de jeter les yeux sur le précieux parchemin.

Mais hélas ! qu’arriva-t-il de cette belle et douce Alice, tant soit peu trop hautaine ? Un ascendant, dont elle ne soupçonnait pas l’existence, dominait maintenant son âme sans tache. Une volonté bien différente de la sienne la contraignait à plier sous les plus bizarres caprices. Il se trouvait, en définitive, que — dans son effréné désir de supputer par milles, et non par acres, l’étendue de ses possessions territoriales, — son père avait voué la malheureuse enfant à un long martyre. Désormais, aussi longtemps que vivrait Alice Pyncheon, elle allait être asservie à Maule, et par des liens mille fois plus humiliants que ceux dont on aurait pu charger son corps. Assis à son humble foyer, le charpentier n’avait qu’à mouvoir la main, et n’importe où se trouvait l’orgueilleuse demoiselle, — seule dans sa chambre, — accueillant, selon les lois de l’étiquette, les graves convives de son père, — ou même agenouillée au pied des autels, — sa volonté lui échappait et passait sous le joug de Maule. « Riez, Alice ! » disait le charpentier (ou même sans articuler un mot, il se contentait de le vouloir), et, fût-ce à l’heure de la prière ou pendant une solennité funèbre, Alice éclatait d’un rire insensé. « Soyez triste, Alice ! » — Et au même instant, comme une pluie soudaine sur un feu de joie, les larmes de la jeune fille éteignaient toute