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Il lui adressa la parole, et Alice lui répondit avec un doux acquiescement, une déférence intime et contenue, se penchant vers lui comme la flamme d’une torche sous l’effort d’un vent léger. Il lui fit signe de la main, et, se levant de son fauteuil, — les yeux toujours fermés, mais sans hésitation et comme appelée vers un gouffre inévitable, — l’orgueilleuse Alice marcha vers lui. Un nouveau geste du charpentier lui enjoignit de s’éloigner, et, reculant aussitôt, Alice retomba dans son fauteuil.

« Elle m’appartient, dit Matthew Maule… Elle est à moi par le droit d’une volonté plus forte que la sienne ! »

Ici la légende entre dans de longs détails, — les uns grotesques, les autres bien faits pour surprendre, — au sujet des « incantations » qu’employa le charpentier afin de découvrir le document perdu. Son projet, paraît-il, était de métamorphoser l’intelligence d’Alice en une sorte de médium télescopique, au moyen duquel M. Pyncheon et lui pourraient, çà et là, jeter quelques regards dans la sphère immatérielle. Il réussit, en effet, à établir quelques relations imparfaites avec les personnages défunts sous la garde desquels le précieux secret avait été placé, par delà les limites du monde terrestre. Pendant son extatique sommeil, Alice décrivit trois figures dont ses perceptions surhumaines lui révélaient la présence. D’abord, un gentleman âgé, majestueux, de mine sévère, vêtu comme pour une occasion solennelle, d’un costume à la fois sérieux et riche, mais avec une large tache de sang sur son rabat, délicatement brodé ; — puis un autre vieillard, pauvrement habillé, dont la physionomie sombre