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pense les inconvénients des moyens par lesquels il faut l’atteindre… Et c’est justement ainsi que la chose se présente aujourd’hui. »

Reprenant alors l’entretien, il fit au charpentier des offres pécuniaires fort importantes, pour le cas où ce dernier fournirait des renseignements susceptibles de faire découvrir le document perdu — et réussir, dès lors, la réclamation encore pendante. Matthew Maule, dit-on, resta longtemps sourd devant ces propositions. À la fin, néanmoins, avec un rire singulier, il demanda si M. Pyncheon, — en échange de la preuve écrite qu’il sollicitait avec tant d’instances, — serait disposé à lui rendre le terrain jadis défriché par « le vieux sorcier, » et la Maison aux Sept Pignons depuis lors bâtie sur ce terrain.

L’absurde histoire, la légende pour mieux dire, qui fait le fond de notre récit — sans que nous nous croyions obligé à reproduire toutes ses extravagances, — attribue ici une conduite fort étrange au portrait du colonel Pyncheon. Nous n’avons pas dit qu’entre ce Portrait et les destinées de la Maison, il était censé y avoir un lien magique en vertu duquel, si le premier était décroché des murs, la seconde à l’instant même s’effondrerait en poussière. Or, pendant tous ces propos échangés précédemment entre M. Pyncheon et le charpentier, le portrait, fronçant le sourcil, montrant le poing, avait manifesté une excessive agitation, sans toutefois que l’un ou l’autre des deux interlocuteurs y eût pris garde. Finalement, et quand Matthew Maule osa bien revendiquer la propriété de la Maison aux Sept Pignons, on assure que l’image-fantôme perdit patience et faillit descendre de son cadre, en chair