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sonne autre que le charpentier, ses yeux blancs exprimèrent l’ébahissement le plus complet.

« Merci de nous ! Que d’embarras pour ce faiseur de planches ! murmura Scipion très-discrètement… Croirait-on pas lui taper la porte avec son marteau le plus lourd ?

— Me voici, dit Maule d’un ton sévère… Menez-moi chez votre maître ! »

Au moment où il entrait dans la maison, une douce et mélancolique harmonie, arrivée des étages supérieurs, vibrait le long du corridor. C’était le clavecin qu’Alice Pyncheon avait rapporté avec elle en revenant d’Europe. Cette belle Alice partageait son loisir virginal entre les fleurs et la musique, bien que les premières fussent sujettes à se flétrir sous sa main, et que souvent les mélodies les plus tristes jaillissent involontairement de ses doigts. Elle avait été élevée à l’étranger et ne pouvait s’habituer aux façons de vivre de la Nouvelle Angleterre, très-médiocrement alors attrayantes pour une âme quelque peu éprise du beau.

Sachant que M. Pyncheon attendait avec impatience l’arrivée de Maule, Scipion-le-noir ne mit aucun retard à introduire le charpentier dans le cabinet du maître de la maison. C’était une pièce de dimensions moyennes, ayant vue sur le jardin, et dont les fenêtres étaient en partie masquées par le feuillage des arbres fruitiers. M. Pyncheon, qui s’en était réservé l’usage habituel, l’avait meublée avec élégance, même avec luxe, et en général d’objets achetés à Paris. Le parquet (chose rare à cette époque) était recouvert d’un tapis si habilement travaillé, qu’on l’eût dit jonché de fleurs vivantes. Dans un coin, debout sur