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chargeant de messages pour son grand-père ; d’autres, enfin, qu’il possédait ce qu’on appelle le Mauvais Œil, c’est-à-dire le précieux pouvoir de brouir les blés et de momifier les enfants en leur desséchant le cœur. Mais, au fond, le plus grand dommage porté à la réputation du jeune charpentier provenait d’abord de son extrême réserve, en second lieu, de ce qu’on le regardait comme entaché d’hérésie, soit en matière religieuse, soit en matière politique.

Quand il eut reçu le message de M. Pyncheon, le charpentier se hâta de terminer un petit ouvrage qu’il avait en main, et s’achemina, immédiatement après, vers la Maison aux Sept Pignons. Cette habitation, connue de tous, était encore à cette époque, — bien que son architecture commençât à passer de mode, — une des plus honorables résidences de la ville. Cependant on faisait courir le bruit que le propriétaire actuel, Gervayse Pyncheon, s’en était profondément dégoûté par suite du choc moral qu’il avait reçu dès sa première enfance, lors de la mort soudaine de son grand-père. On se souvient peut-être qu’en se précipitant pour monter sur les genoux du colonel Pyncheon, ce petit garçon avait le premier découvert que le vieux puritain avait cessé de vivre. Parvenu à l’âge viril, Gervayse Pyncheon était allé en Angleterre, où, s’étant marié à une jeune personne riche, il passa plusieurs années, soit dans la métropole même, soit dans quelque grande ville du continent européen. Pendant cette période d’absence, l’hôtel de famille était demeuré consigné à un des parents du propriétaire, lequel fut autorisé à s’y établir provisoirement, sous condition de l’entretenir à ses frais et d’y faire toutes les réparations voulues.