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cela, sans qu’on pût rien alléguer de positif contre son intégrité, l’intelligence et le zèle qu’il déployait dans l’exercice de sa profession. L’antipathie (nous ne pouvons l’appeler autrement) qu’il semblait inspirer à beaucoup de personnes, était en partie le résultat de son caractère et de ses allures, en partie un héritage qu’il tenait de ses pères.

Il était le petit-fils d’un ancien Matthew Maule, — un des colons primitifs de la cité, — lequel fut en son temps un des sorciers les plus fameux et les plus redoutables qu’on y ait connus. Ce vieux réprouvé avait péri sur la potence à une époque où les autorités locales se faisaient remarquer par leurs louables efforts contre le grand Ennemi des âmes et par le nombre de ses adhérents qu’ils lui expédiaient, l’un après l’autre, en ligne perpendiculaire. Depuis lors, cette bonne œuvre, à force d’être pratiquée, semblait avoir perdu de sa valeur aux yeux du public ; mais une terreur superstitieuse n’en planait pas moins sur la mémoire de ceux qu’on avait fait périr pour cet horrible crime de sorcellerie. Leurs tombeaux, situés en général dans les crevasses des rochers sur lesquels était dressée la potence, passaient pour ne pas garder très-fidèlement le dépôt qu’on leur avait confié trop à la hâte. Le vieux Matthew Maule, en particulier, — s’il fallait en croire les bruits courants, — sortait de sa fosse, comme un homme ordinaire sort de son lit, et on le voyait se promener à minuit aussi fréquemment que les vivants se promènent en plein jour. Ce sorcier pestilentiel (en qui ce châtiment mérité semblait n’avoir amené aucune sorte de résipiscence) avait l’habitude invétérée de hanter un certain hôtel appelé la Maison