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riste. Et enfin, — son avant-dernier métier, — il avait publiquement professé le mesmérisme, science pour laquelle il avait des dispositions remarquables ; du moins le dit-il à Phœbé. Il le lui prouva, même, et de la manière la plus satisfaisante, en plongeant dans un profond sommeil le vieux coq d’Hepzibah, tout justement occupé à gratter la terre auprès d’eux.

Son métier actuel n’avait pas à ses yeux d’importance particulière, et ne devait pas, selon toute apparence, le captiver mieux que les précédents. Il l’avait embrassé avec l’insoucieuse bonne volonté d’un aventurier qui chaque jour doit gagner son pain. — Qu’un autre se présentât, plus lucratif et plus attrayant, il lui dirait adieu sans le moindre regret. — Mais ce qu’il y avait de remarquable dans ce jeune homme, et ce qui le recommandera le mieux à l’estime des gens réfléchis, c’est qu’à travers toutes ces vicissitudes et ces transformations, — changeant à chaque instant de séjour, de situation, de costume et d’allures, n’ayant ni séjour fixe ni responsabilité, ne devant rien à l’opinion, rien aux individus, — il n’avait jamais violé en lui l’homme intérieur, jamais porté la moindre atteinte à sa propre conscience. Il était impossible de connaître Holgrave sans lui rendre ce témoignage. Hepzibah s’en était aperçue ; Phœbé le constata bientôt, et lui accorda l’espèce de confiance qu’implique une pareille certitude. Elle n’en était pas moins effarouchée et quelquefois repoussée, — non par aucun doute de sa fidélité aux lois, dont il reconnaissait l’autorité, — mais par un sentiment intime que les lois acceptées par ce jeune homme n’étaient pas celles dont elle-même subissait volontiers le joug salutaire. Il la mettait mal à l’aise, et sem-