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velle. Bien plus, sous cette impulsion commune, je ne sais quel amant déposait un doux baiser au bord des lèvres de sa maîtresse. Un cynique aurait pu trouver là, l’image exacte de ce que nous faisons tous, acteurs d’une ridicule pantomime, obéissant pour la plupart au jeu des ressorts analogues, — et en somme, après tant d’activité, n’aboutissant à aucun résultat quelconque. Car le plus remarquable de toute l’affaire, c’est qu’au moment où la musique cessait, chacune de nos marionnettes, pétrifiée tout à coup, passait de la vitalité la plus extravagante à un état de torpeur absolue ; et cela sans que le soulier fut raccommodé, — sans que le fer eût reçu sa forme, — sans qu’il y eût une goutte de moins dans la bouteille de l’ivrogne, — ou une goutte de plus dans le seau de la laitière, — et sans que l’avare eût ajouté une pièce d’or à ses épargnes, le savant une page à sa lecture. Tout se retrouvait précisément dans le même état qu’au moment où ils s’étaient mis en branle, avec une si absurde précipitation, pour travailler et pour s’amuser, pour entasser l’or ou la sagesse. Et ce qu’il y a de plus triste, après tout, c’est que l’amoureux, malgré le baiser que la jeune fille lui avait accordé, n’en paraissait guère plus satisfait… Mais, plutôt que d’en arriver à une déplorable conclusion, sujet de réflexions cruellement amères, nous aimons mieux renoncer à toute la morale de la pièce.

Le singe, cependant, dont la queue, prolixe à contre-temps, soulevait les plis postérieurs de son kilt ou jupon d’Écosse, s’était placé aux pieds du jeune Italien. Il offrait son abominable petit visage couvert de rides, tantôt aux passants, tantôt aux enfants qui