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humaines. Le progrès des ans devait, selon toute apparence, accroître et développer leur fortune plutôt que l’user et la détruire. Effectivement son fils héritait — en sus du riche domaine qui lui était immédiatement acquis, — les droits résultant d’un acte d’achat passé avec les tribus Indiennes, et confirmé depuis par une concession de la General-Court, sur une vaste étendue de terres situées à l’Est, et qu’on n’avait encore ni explorées ni soumises à un cadastre quelconque. Ces propriétés, qu’on pouvait presque regarder, d’ores et déjà, comme sujettes à une revendication immédiate, comprenait la plus grande portion de ce qu’on appelle aujourd’hui le comté Waldo dans l’État du Maine : bien des duchés, bien des territoires conférant à leurs possesseurs les droits régaliens, ne sont pas, en Europe, d’une étendue plus considérable. Lorsque l’impénétrable forêt qui recouvrait encore cette principauté sauvage ferait place, — comme cela ne pouvait manquer après un temps plus ou moins long, — à l’opulente fertilité que produit le travail humain, — il y avait là, pour les générations issues du sang des Pyncheon, une source de richesses incalculables. Si le colonel avait vécu seulement quelques semaines de plus, il est probable que sa grande influence politique et les relations puissantes qu’il avait parmi les autorités locales comme parmi les membres du gouvernement, l’auraient mis à même de compléter toutes les formalités nécessaires pour faire valider à jamais ses prétentions déjà bien assises. Mais, — n’en déplaise à l’oraison funèbre, — c’était là précisément ce qu’avait négligé le colonel Pyncheon, si prévoyant et si sagace qu’il fut d’ailleurs. Dans l’intérêt de sa ri-