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non celle de la source fatale, on peut bien le croire, — le menu de ce modeste goûter. Holgrave, pendant toute la durée du repas, sembla s’attacher à nouer quelques rapports avec Clifford, et cela sans doute par bonté pure, afin d’égayer ce reclus si à plaindre jusque-là, et promis à un si triste avenir. Cependant les yeux de l’artiste, profonds et pensifs, prenaient par moments une expression qui sans rien avoir de sinistre, était de nature à éveiller le soupçon. Il semblait attacher à cette scène un intérêt tout différent de celui qu’elle pouvait avoir pour un étranger, un jeune aventurier sans rapports avec la famille. Ses efforts pour animer l’entretien n’en furent pas moins couronnés d’un tel succès, que la mélancolie d’Hepzibah perdit les plus sombres de ses teintes grises et que Phœbé en vint à s’écrier intérieurement : — Mon Dieu, mon Dieu, qu’il est agréable, quand il s’en donne la peine ! Quant à l’Oncle Venner, en signe d’approbation et d’amitié, il permit que sa figure, connue de toute la ville, fût placée dans le cadre de photographies suspendu à l’entrée de l’atelier du jeune artiste.

Clifford, pendant ce petit banquet, devint par degrés le plus gai de tous les convives. La douceur de ce soir d’été, la sympathie de ces âmes bienveillantes, — peut-être la vibration de quelque corde intime qu’avait savamment touchée le doigt subtil de l’artiste, — agissaient à la fois sur cette nature susceptible. Quoi qu’il en soit, ses pensées avaient un éclat aérien et fantasque : elles semblaient rayonner, par les interstices du feuillage, à l’extérieur du petit pavillon, devenu un vrai nid de verdure.

Mais, quand les dernières clartés du soleil quit-