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fixement par un sombre visage, et cette impression funeste le rendait malheureux pour tout le reste du jour. Quand elle venait s’asseoir avec Clifford au pied de la fontaine, Phœbé ne voyait rien de tout ceci, — pas plus le sourire que la menace, pas plus la laideur que la beauté, — mais tout simplement les pierres colorées que le bouillonnement de l’eau semblait agiter et déranger. Quant au visage sombre dont Clifford s’effarouchait si bien, ce n’était ni plus ni moins que l’ombre projetée par une branche de l’un des pruniers de Damas, laquelle interceptait, de temps à autre, la lumière intérieure des eaux limpides. À vrai dire, il ne fallait voir là qu’un phénomène d’imagination. Cette faculté qui avait toujours dominé, chez Clifford, celles du jugement et du vouloir, — et qui renaissait aussi plus promptement, — tantôt créait des formes charmantes qui symbolisaient ses dons de nature, et de temps en temps lui fournissait une vision austère, effrayante, image et type de sa cruelle destinée.

Les dimanches, à l’issue du service religieux que Phœbé, toujours régulière, pratiquait assidûment, il y avait d’ordinaire une espèce de petite fête à huis clos dans le jardin que nous venons de décrire. À Clifford, Hepzibah et Phœbé, deux hôtes venaient se joindre. L’un était le photographe Holgrave, qui — malgré certaines ambiguïtés de sa position sociale et ses rapports avec maint et maint réformateur suspect, — n’avait pas déchu dans l’estime d’Hepzibah. L’autre, (nous avons presque honte de le dire), était le vénérable Oncle Venner, pourvu ce jour-là d’une chemise blanche et d’un bel habit de drap, d’autant plus res-