Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle y était entrée. Dans les vieilles poutres qui formaient son squelette, la pourriture sèche s’était arrêtée ; la poussière tombée des antiques plafonds avait cessé de s’accumuler sur les parquets et les meubles ; du moins disparaissait-elle à chaque instant sous les brosses et les éponges d’une petite ménagère vive et prompte comme la brise qui balaye une allée du jardin. Les spectres du Passé qui hantaient la solitude désolée des vastes appartements, l’odeur étouffante et close que la Mort avait laissée à plus d’une chambre à coucher, et qui s’y était maintenue depuis ses lointaines visites ; toutes ces influences sinistres avaient dû céder devant celle d’un jeune cœur parfaitement sain, parfaitement pur, dont les fraîches émanations semblaient renouveler l’atmosphère domestique. Dans la constitution de Phœbé, aucuns principes morbides. S’il en eût été autrement, rien n’eût développé le mal comme de résider dans le vieil hôtel Pyncheon. Mais au contraire, elle jouait dans cette vaste maison le même rôle qu’un petit flacon d’essence de rose dans l’un de ces grands coffres, cerclés de fer, où Hepzibah conservait volontiers ses vieilles dentelles, ses bonnets ouvrés, ses bas à jours, ses gants longs, et tout le luxe enfin de ses antiques parures. De même que, dans le grand bahut de cèdre, chaque article pris à part s’imprégnait du pénétrant parfum, de même toutes les pensées, toutes les émotions d’Hepzibah et de Clifford, si sombres qu’elles pussent paraître, empruntaient une subtile essence de félicité au voisinage continuel de la jeune fille. Elle songeait à tout, elle faisait tout à propos, active de corps, d’intelligence et de cœur, et aussi capable de sympathie pour le gai ramage des rouge-gorge