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piétement si peu excusable sur le droit qu’il avait de rester seul.

Un petit garçon, — dont le colonel était le grand-père et qui, seul de toute la maison, osait parfois se familiariser avec lui, — vint alors à se frayer un chemin parmi les convives, et prit sa course vers la figure assise ; mais s’arrêtant à mi-chemin, il se prit à pousser des cris de terreur. L’assistance, dans les rangs de laquelle passa aussitôt un frisson contagieux, fit quelques pas en avant, et on s’aperçut alors que dans le regard fixe du colonel Pyncheon, il y avait une déviation peu naturelle ; — que sa manchette était souillée de sang, — et que sa barbe grise en était comme saturée. Tout secours désormais était tardif. Le Puritain au cœur de bronze, ce persécuteur impitoyable, cet homme avide et obstiné venait de quitter la vie. Dans sa maison à peine terminée, on le trouvait mort !… Une tradition dont nous ne parlons que pour indiquer les tendances superstitieuses de cette époque, veut qu’une voix se soit élevée alors du sein de la foule, — une voix pareille à celle du vieux Matthew Maule, de ce « sorcier » voué au dernier supplice, — et que cette voix ait prononcé les paroles suivantes : « Dieu lui a donné du sang à boire ! »

Ainsi donc l’hôte abhorré qui trouve toujours à s’introduire tôt ou tard dans chaque demeure humaine, — la Mort — n’avait pas attendu plus de quelques heures pour franchir le seuil de la Maison aux Sept Pignons.

La fin soudaine et mystérieuse du colonel Pyncheon fit beaucoup jaser, dans le temps. Maintes et maintes rumeurs, dont quelques-unes sont vaguement arrivées jusqu’à nous, signalèrent certaines apparences qui lais-