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— Non, répondit Hepzibah dont la voix frémissante ne se prêtait pas à de longs discours… Il lui est impossible de recevoir des visites !

— Des visites, chère cousine ?… Est-ce moi que vous traitez ainsi ? s’écria le Juge dont la sensibilité semblait être froissée par ce que cette expression avait de glacial… Dans ce cas, souffrez que je devienne l’hôte de Clifford et le vôtre en même temps… Venez immédiatement résider chez moi. L’air de la campagne et toutes les commodités, — je dirais presque les agréments, — dont je me suis entouré, le rétabliront à vue d’œil. Vous et moi, chère Hepzibah, nous conspirerons là, tout à notre aise, pour rendre Clifford aussi heureux qu’il peut l’être… Voyons ! faut-il donc tant de paroles pour ce qui est à mes yeux un devoir autant qu’un plaisir ?… Venez chez moi : venez-y de suite ! »

Devant des offres si hospitalières, un aveu si franc des droits de la parenté, Phœbé se sentit fort disposée à courir se jeter au cou du juge Pyncheon, pour lui offrir le baiser que naguère encore elle refusait de lui laisser prendre. Mais il en fut tout autrement d’Hepzibah : le sourire du Juge semblait opérer sur l’âpreté de son cœur à peu près comme le soleil sur celle du vinaigre ; — il la décuplait, au bas mot.

« Clifford, disait-elle, — encore trop agitée pour se permettre plus d’une phrase à la fois, — Clifford est ici chez lui !

— Puisse le ciel vous pardonner, Hepzibah ! reprit le juge Pyncheon adressant un regard respectueux vers l’espèce de Haute cour devant laquelle il en appelait ainsi… Puisse-t-il vous pardonner, si vous laissez prévaloir en vous, dans des circonstances comme celles-ci,