Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

habitudes rustiques, trouvait un charme inattendu à ce coin de terre empli d’herbes et de feuillages, de fleurs aristocratiques et de légumes plébéiens. Le ciel semblait accorder un sourire à ce lambeau de nature égaré dans la ville poudreuse. Deux rouge-gorges, qui avaient construit leur nid dans l’unique poirier du jardin, volaient, heureux et affairés, sous les sombres rameaux ; les abeilles aussi, peut-être échappées des ruches de quelque ferme lointaine, ne dédaignaient pas d’y venir. Que de voyages aériens elles devaient accomplir, en quête de miel ou chargées de miel, entre le point du jour et le coucher du soleil ! Cependant, malgré l’heure avancée, on les entendait bourdonner encore au fond des campanules blanches qui couronnent la courge, vraies mines d’or ouvertes à ces laborieux insectes. Il y avait encore dans ce petit clos un objet sur lequel la nature pouvait revendiquer d’inaliénables droits, nonobstant tout ce que l’homme avait fait pour se l’approprier ; — c’était une fontaine bordée de vieilles pierres moussues et dont le lit semblait pavé d’une sorte de mosaïque en cailloux de diverses couleurs. Le jeu continu, l’imperceptible agitation que son élan vers le ciel communiquait à cette onde limpide, donnaient un prestige magique à ces petits silex de mille nuances, et y dessinaient une succession perpétuelle de formes bizarres, trop soudainement évanouies pour qu’il fût possible de les définir. Débordant ensuite la digue circulaire que lui opposaient les moellons revêtus de mousse, l’eau s’écoulait par une étroite issue dans une espèce de gouttière, à laquelle notre véridique langage ne saurait accorder le nom de « canal. »

N’oublions pas, à peu de distance de la fontaine et à