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feuilles tombées, les fleurs s’effeuillant, les tiges et les cosses de ces herbes folles et vagabondes, plus utiles après leur mort que lorsqu’elles s’épanouissaient aux rayons du soleil. Celles-ci ne demandaient pas mieux que de revivre (symboles des vices qui se perpétuent d’eux-mêmes au sein des sociétés corrompues), mais Phœbé s’aperçut que leur fécondité déplorable avait été contrariée par des soins assidus, régulièrement et quotidiennement accordés au jardin envahi. Depuis le commencement de la saison, le buisson de roses blanches avait évidemment reçu de nouveaux étais ; les arbres fruitiers, en bien petit nombre, portaient les traces d’une taille récente. Il y avait aussi quelques fleurs, d’antique lignée, qui sans être en bonne condition, n’en avaient pas moins été sarclées avec soin. Le reste du jardin offrait un choix bien fait de plantes alimentaires dont la précocité, développée par la culture, semblait tout à fait digne d’éloges : des courges d’été, presque dans tout leur éclat ; des concombres dispersant de tous côtés leurs rameaux vagabonds ; des fèves qui commençaient à s’enrouler sur leurs piquets ; des tomates bien exposées que la chaleur du soleil gonflait et rougissait déjà.

Phœbé se demandait, tout étonnée, quelles mains avaient planté ces légumes et entretenaient le sol en si bon état. Ce n’étaient pas à coup sûr celles de la cousine Hepzibah, qui n’avait ni les goûts ni le courage de l’horticulteur, et qui toujours recluse en l’obscure maison, ne serait pas volontiers venue braver les rayons du soleil, pour remuer et bêcher la terre autour des courges et des tomates.

La jeune fille, pour la première fois enlevée à ses