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LA MAISON DANS L’ŒIL DU CHAT

aux autres villages, aux villages de toute la terre : « Le soir est descendu chez nous et les troupeaux rentrent aux étables. »

Chez le cordonnier qui, tout le jour, a enfoncé des clous dans du cuir bien dur, cuit une soupe de pommes de terre. Mais chez le forgeron, qui vient d’arrêter son soufflet pour arroser ses géraniums en attendant le dîner, c’est une soupe aux carottes et aux navets. Là-bas, où la lumière brille déjà, c’est une soupe aux choux verts. Mais là, à la ferme ; quelle soupe est-ce donc ? Les canards, les pieds dans l’herbe, respirent le parfum qui passe au-dessus des arbres, parfum de légumes, de bois brûlé, des dernières fleurs ouvertes et de la mare elle-même, et les canards considérant cela comme un signal, en boitillant dans la vase, s’en retournent à la ferme. « Mais à la ferme, quelle soupe ont-ils donc, ce soir, ça sent joliment bon », disent les canards, « À la ferme quelle soupe ont-ils donc ? »