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raffinée, se prétait a des développements philosophiques entiérement nouveaux et d’une portée jusqu’alors insoupconnée. Peu importe a cet égard qu’il s’agisse d’une passion réelle ou imaginaire : c’est par sa conception méme de l`amour que Guinizelli a été le régénérateur de la poésie lyrique : la dame n`est plus décrite en traits conventionnels destinés a glorifier sa beauté périssable; le poéte célébre les effets que produit cette beauté dans l’ame de celui qui la contemple. Or ces el}`ets sont d’ordre purement moral: elle chasse des coeurs toute pensée mauvaise et basse; elle brisv l’orgueil, apaise la colére; elle est la personnification inéme de l`éternelle Beauté et de la supréme Bonté. En lisant les vers de Guinizelli, ou la nouveauté de la pensée s’allie a la douceur harmonieuse du style, on croit déja entendre les accents familiers de la poésie dantesque. Dante en effet ne s’est pas fait faute de citer et d’imiter Guido Guinizelli, le Saggio, comme il l`appelle, c`est-a-dire le poete cc savant », auquel il donne encore ce beau titre : a Pere de tous les poétes qui ont su rimer de douces et charmautes chansons d’amour ».

Ces poértes, au premier rang desquels figure Dante lui—méme, nous les retrouverons at Florence; c`est la que Guido Guinizelli a vraiment fait école, plutot qu’a Bologna. Car il ne suffit pas d’un cz Onesto Bolognesc », cité par Dante ct par Pétrarque, et de trois autres noms, sous lesquels ne nous est parvenu qu’un nombre insignifiant de vers, pour C011Stitll6!' une école bolonaise. Guido Guinizelli est une personnalité considérable, mais qui reste at peu pres isolée a Bologne; sa véritable gloire est d`avoir frayé la voie 21 l°école florentine connue sous le nom de Dolce stil nuovo.