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i.’ms1>mnioN rorumunz AU xm' siiacus 39 et sc spirituels », Jacopone se rangea résolument parmi ces derniers, partisans de l’observance stricte de la régle, contre les conventuels protégés par Boniface VIII; il com- posa contre ce pape de violentes invectives qui annon- cent celles de Dante, et fut retenu en prison pendant plus de six ans. C’est durant cette derniére partie de sa carriere que le << Jongleur du bon Dieu » consacra surtout sa verve poétique a chanter sa << sainte folie » — Ie mot est de lui et caractérise parfaitement son inspiration. Car ce qui doinine dans les laudi de Jacopone, c’est une continuelle exagération, une exaspération, pourrait-on dire, de tous les sentiments, soif maladive de pénitence, aussi bien qu’amour sacré, et désir de s’unir a Dieu. Ne demande-t-il pas, comme une faveur, a étre affligé de tous les maux ima- ginables? Quand il parle de son amour pour le Christ, il le fait en des term_es que ne désavouerait pas la passion la plus profane. Cette sensibilité déréglée lui inspire souvent des vers plus bizarres que beaux; il lui arrive d’étre prolixe, prosai'que, trivial; mais il s’éleve aussi a une réelle grandeur, notamment quand il décrit et commente Ies mysteres du ch1·istianisme. L’eiI`et que recherchait Jacopone n’a rien de commun avec celui que nous demandons aujourd’hui a la poésie : il voulait frapper l’imagination et toucher Ie cmur de populations simples et rudes, sans se préoccuper de plaire aux déli- cats. Quelques laudi de Jacopone sonten forme de dialogue, et par suite présentent un certain caractere dramatique. Telle est la tres belle piece Donna del Paradiso : d`abord c’est un entretien de Marie avec une sorte de récitunt qui raconte les préparatifs de la passion, entre- tien interrompu par les cris du peuple; puis on assiste