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xxe. Cependant, si l’on met à part trois ou quatre personnalités saillantes, il serait exagéré de dire que cette partie de l’immense production littéraire de l’Italie brille, dans son ensemble par l’originalité : l’influence de Stendhal, de Balzac, de Flaubert, de Zola, de Daudet, de Maupassant, sans oublier celle des romans anglais et russes, y est bien reconnaissable, et il faut avouer qu’un nombre élevé d’œuvres, fort appréciées il y a un demi-siècle, sont tombées depuis dans un oubli qui n’a rien d’injuste. Aussi peut-on comprendre qu’un brillant écrivain contemporain, qui n’est pas lui-même romancier, et auquel ne répugnent ni le paradoxe ni la polémique, Giovanni Papini, se soit amusé naguère à représenter à ses confrères les lettrés d’Italie, qu’il y a des genres dans lesquels ils peuvent s’élever au premier rang – l’éloquence, l’histoire, le lyrisme, la satire et la polémique, ou encore la nouvelle brève, où choses et gens sont représentés surtout par l’extérieur, – mais que le roman ne correspond pas à leurs aptitudes essentielles, car ils sont peu aptes à créer, à animer d’une vie propre des personnages imaginaires. Trop individualistes pour réussir dans ce genre, – sous sa forme narrative ou dramatique, – ils ne peuvent, en s’obstinant à le cultiver, que suivre les modèles français, anglais et russes, de façon peut-être à recueillir des applaudissements, mais sans véritable originalité[1]. Chacun voit tout de suite ce qu’on peut opposer à cette boutade impertinente, mais elle fait réfléchir ; le nom de Manzoni se présente aussitôt à l’esprit, avec ceux de quelques-uns des écrivains qui vont être nommés ici. Rien de plus juste. Mais il faut bien convenir que le paradoxe de Papini n’est amusant –

  1. G. Papini, Su questa letteratura, dans la revue Pegaso, janvier 1929.