Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/523

Cette page n’a pas encore été corrigée

est baigné par la pluie comme une feuille, et tes cheveux exhalent le parfum des clairs genêts, ô créature terrestre qui as nom Hermione… Il pleut sur tes cils noirs, en sorte que tu sembles pleurer, mais de plaisir ; tu n’es plus blanche, tu deviens comme verdoyante, et tu parais sortie d’une écorce… Et il pleut sur nos visages sylvestres, il pleut sur nos mains nues, sur nos vêtements légers, sur les fraiches pensées qui jaillissent de notre âme rajeunie… »

Plusieurs autres pièces du livre d’Alcyone permettraient de compléter et de développer ces brèves indications ; elles ont fait dire a un critique très familier avec l’œuvre du poète, que, pénétré comme il l’est de l’esprit de la poésie antique, d’Annunzio a réussi à devenir un créateur de mythes nouveaux [1].

Il serait ingrat de ne pas signaler encore les beaux « Sonnets d’amour pour la France » que le poète italien a publiés, en français, au début de mai 1915, au moment ou son action personnelle allait contribuer pour une si large part a décider l’Italie à s’engager dans le conflit. Dés lors, G. d’Annunzio s’est révélé homme d’action, et la gloire qu’il s’est acquise comme aviateur et surtout comme régent de Fiume, et qui lui a valu le titre de « prince de Montenevoso » n’est pas la moins précieuse à ses yeux, comme aux yeux de ses compatriotes. Mais il semble avoir ainsi renoncé définitivement à la poésie pure.


IV


Le roman italien a vivement sollicité l’attention du public européen à la fin du xixe siècle et au début du

  1. A. Gargiulo, Gabriele d’Amtunzi0, 1912.