Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/522

Cette page n’a pas encore été corrigée

502 Lrrrénarunn rraurzuiuz libre, souple, qui se préte E1 tous les caprices de son ima- gination; il est ici dans son élément véritable, ct il s’y meut sans le moindre efl`ort. A cet égard, ily avraiment quelque chose de pindarique dans ce long poéme, auquel on serait fort en peine de trouver un précédent dans n’importe quelle littérature. Le livre d'Alcyone, plus accessible, parce que composé de picces plus bréves juxtaposées, et surtout parce que moins symbolique, nlest pas un rcllet moins fidéle, moins immédiat de l’imagination et de la sensibilité propres il d’Annuuzio. Ici plus de visée autobiographique, plus de méditation intellectuelle: le poéte n’a plus d’E1utre but que de chanter pour chanter, et la nature est l’objet essentiel de ses chants ; ce sontici vraimeutles louanges du ciel et de la terre. Le cadre est celui de la Maremme toscane, prés de l’embouchure de l’Arno, ou d’Annunzio séjourna quelque temps; et nous avons sous les yeux une série d’impressions picturales, musicales, d’une intimité rarement égalée, ou l’harmonie des sons est presque aussi expressive que le sens des mots, parfois répétés avec une insistance qui parle aux sens plutot qula l’intel- ligence. Il y a la des rythmes aux secrets impénétrables, qui bercent, qui pénétrent et qui suggérent exactement au lecteur les sensations que le poéte a lui-méme éprou— vées. La u Pluie dans la pinede », morceau destiné E1 figurer dans toutes les anthologies, est un cxemple carac- téristique de cet art singulier, propre E1 d’Anuunzio: le poéte et son amie écoutent le bruit des gouttes qui tom- beut sur les branches, ici plus rares, lE1 plus serrées ; ils se confondent, peut-on dire, avec toute cette végétation trempée qui les entoure et dont ils devienuent pa1·tYe intégrantc: u Nous sommes plougés dans l’esprit de la forét, vivants de la vie des arbres, et ton visage enivré