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26 LITTIIRATURE rrsuimmt III La littérature de la France proprement dite eut, elle aussi, en Italie, une influence considerable. Tandis que les troubadours initiaient quelques poétes de cour aux raffinements d’un lyrisme savant, le peuple apprenait a aimer comme des héros nationaux les persounages de notre vieille épopée; la bourgeoisie et la noblesse fai- saient leurs délices des romans bretons; les lettrés enfin se nourrissaient de notre littéruture didactique et allé- gorique. Ce que les Italiens ont appelé la ec matiere de France » comprend l’ensemble des Iégendes épiques constituant le cycle de Charlemagne. Les exploits dc cet empereur avaient, au x1° et au xu° siécle, Iormé le sujet de noxn- breux poémes; la Chanson dc Roland en est le monument le plus célebre. Ces chants guerriers furent de bonne heure colportés hors de France par des a jongleurs » qui, sur les places publiques et dans les carrefours, con- taient at un auditoire populaire les merveilleuses prouesses de Charlemagne, de Roland et des autres preux. Leur présencc dans les villes d’Italie est attestée des la fin du x1' siecle, et il faut que leur succes f`1“1t grand pour que les autorités de Bologne aient du prendre des rnesures, en 1288, afin d’assurer la circulation entravée par les rassemblements qu’ils provoquaient. Cette adop- tion par le peuple italien de héros appartenant a une autre nation est un phénoméne remarquable; il surprend moins cependant quand on songe que Charlemagne avait été le restaurateur de l’empire, que tous ces poémes étaient empreints d’un profond sentiment religieux, et que Roland pouvait étre considéré comme le champio!