426 LITTIERATURE 11`ALIENNJ: Lombardie, de 1628 at 1630, sous la domination espa- gnole : cette riche province est mal administrée, ruinée par les guerres, la famine et la peste; l’artisan modeste et le laborieux cultivateur y sont tyrannisés par tous les complaisants auxiliaires que trouvent les tyranneaux du voisinage, seuls protégés efficacement par les lois. On peut admettre sans invraiscmblance que les vicissitudes des deux gentils amoureux n’étaient pas pour Manzoni l’élément essentiel de son récit, mais seulement le lien qui lui a permis de présenter au public une série de scénes de la vie milanaise au xvu° siecle; c’est at celles—ci qu’il a visiblement attaché le plus d’importance. L’in- trigue, pour reprendre sa définition de la poésie, n’a pour office que d’ << intéresser », c’est-a-dire de fournir at l’auteur le << moyen » de réaliser une oeuvre dont le << sujet » est le << vrai ». Ni roman d'aventures, ni roman psychologique, les Fiancés sont par excellence un roman historique, selon la formule alors mise at la mode par Walter Scott, mais avec l’empreinte du talent tout per- sonnel de Manzoni. Des pages comme celles ou est retracée l`institution— car c’en était une —des a bravi », ces émissaires armés jusqu’aux dents des hobereaux, et les exécuteurs de leurs basses cnuvres, contre lesquels les lois restaient impuissantes, ou encore la description de la disette de 1628 et des soulévements populaires auxquels elle donna lieu, de la guerre qui ravagea le Milanais, et surtout de la peste de 1630, sont de l`his- toire vivifiée par un poéte. Non seulement les faits sont exacts et plusieurs personnages réels, mais Manzoni a réussi il reconstituer l’état politique et social de la Lom- bardie at cette époque, comme il se le proposait. Les Fiancés sont encore un roman d’une haute mora- lité, l’auteur ayant eu constamment en vue d°en dégager /
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