Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intéressant de noter que les sentiments populaires ont trouvé plus d’une fois leur expression dans des chants latins, comme celui qui exalte la victoire des habitants de Parme sur Frédéric II (1248), ou comme l’invective d’un anonyme gibelin contre les ennemis de l’empire. Ces pièces, dépourvues d’art, sont pleines d’accent et de vigueur. Elles n’ont d’ailleurs plus grand’chose à voir avec la tradition classique ; la sonorité même et le rythme de ces vers, fondés sur l’accent tonique et sur la rime, en dénoncent assez clairement le caractère populaire. La poésie rythmique — c’est ainsi qu’on appelle ce nouveau système de versification — est alors fort en honneur : les belles hymnes de l’Église, qui remontent précisément à cette époque — Dies iræ, Stabat Mater — en sont des exemples célèbres.

Parmi les poètes latins fidèles aux pures traditions antiques, un seul, au xiiie siècle, jouit d’une grande réputation et exerça une incontestable influence : le Florentin Arrigo da Settimello avait composé, vers 1192, une élégie toute pénétrée de la pensée de Boèce : De diversitate fortunæ et philosophiæ consolatione, qui pendant longtemps servit de texte dans les écoles. Elle était fort capable en effet, malgré le scepticisme désolant qui l’inspire, d’i11itier les jeunes gens à la connaissance de la langue et de l’art des poètes latins.



II


Entre les mains de lettrés nourris de fortes études classiques, le latin devait encore rester pendant des siècles, en Italie, la langue savante par excellence. Il suffit de rappeler dès maintenant l’usage qu’en ont fait