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LA LITTBRATURE MORALB ET NATIONALB 879 fort instructive au point de vue de la conception qu’un poéte dramatiquc a de son art. Les caractéres auxquels AlEeri reconnaissait qu’un événement était tragediabile sont la grandeur et la force des passions en jeu, le conflit qui en résulte, et la victoire de la volonté, de l’énergie individuelle afl`ranchie de toute contrainte. Une conspiration par exemple n’a pas, ii ses yeux, un intérét tragique de premier ordre, parce que, <¢ les conjures étant les ennemis naturels du tyran », leur acte ne provoque dans leur ame aucune lutte de sentiments contraires; pour la méme raison, la mort de Marie Stuart, victime d’une rivale implacable, est la conséquence nécessaire de la liaine d`Elisabeth, Saul lui-méme, ce roi vaincu, paraissait au poéte << un des personnages les moins tragiques » qu’il eut créés, et Brutus apprenant qu’il est le Els de César le jour méme ou il s’appréte 21 le tuer, laisse quelque chose at désirer sous le rapport de l’émotion tragique; car l’amour Elial ne peut s`éveiller assez brusquement dans son cmur, pour y balancer son horreur invétérée de la tyrannie. Junius Brutus condamnant ses Els, Virginius lrappant sa Elle, ou Oreste sa mere, voila les sujets qui possé- daient au plus haut point le caractére tragique. Encore iaut-il que les personnages aient cette noblesse que con- fere seule l’antiquité : toutes les horreurs amassées dans Don Garzia, <¢ un {`rére meurtrier de son frére, un pére qui, pour venger son Els assassiné, condamne son autre Els it mort », lui eussent semblé plus grandioses et plus terribles << si la scene, au lieu d’étre in Pise, avait été dans l'antique Thébes, in Mycéne, Persépolis ou Home ». Il était impossible de pousser plus loin le préjugé clas- sique, Dans de pareilles dispositions d’csprit, le poéte ne