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mélange de fantaisie et de vulgarité, assaisonné d’ironie, passa pour une grande nouveauté. En Italie au contraire, la faiblesse de la composition et la médiocrité du style condamnerent tres vite 21 l’oubli les <¢ fiabe » de Gozzi. Ce ne fut qu’un feu d’arti{ice.

Rebuté par la ténacité des oppositions qu’il rencontra, tres affecté par l’ingratitude du public, qu’il se flattait d’avoir mieux conquis, Goldoni quitta la partie : il n’avait pas le tempérament d’un lutteur. L’invitation qu’il recut de se rendre à Paris, pour y fournir des pieces aux comédiens italiens, le décida, en avril 1762, at s’éloigner de Venise, non sans un serrement de coeur, mais avec l’intention d’y revenir bientôt : il ne devait plus la revoir. Ce n’est pas qu’a Paris il eût trouvé de grandes satisfactions : là fleurissait encore la comédie improvisée, et Goldoni dut, de gré ou de force, composer des canevas à l’ancienne mode. De cette période de son activité datent d’aimables fantaisies, comme la trilogie de Zélinde et Lindor, et surtout l’Eventail (1763), le prototype de la comédie d’intrigue telle qu’elle a été cultivée en France de Beaumarchais à M. Victorien Sardou; mais il y avait la plus d’imagination et d’adresse que d’observation véritable. La médiocrité des comédiens, et leur mauvaise volonté en face des innovations, le découragerent vite : il allait quitter Paris, lorsqu’il fut choisi pour enseigner l`italien aux princesses de la maison royale, et à quelque temps de la une pension annuelle le mit à l’abri du besoin. Goldoni put alors revenir au théâtre. Il osa faire jouer à la Comédie-Française, en 1771, le Bourru bienfaisant, qui y obtint un succès des plus flatteurs; le caractère du protagoniste n’était pas nouveau dans le répertoire de l’auteur (la Casa nova, i Rusteghi, etc.); mais le public parisien fut séduit par la gaieté. le naturel et la