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avec une force d’intuition et de généralisation surprenante. Mieux connue sur bien des points, l’histoire a démenti quelques-unes des théories de Vico ; mais, à d’autres égards, on ne peut nier qu’il ait fait preuve d’une sorte de divination. Sa conception des trois périodes qui représenteraient le développement nécessaire des sociétés, l’âge des Dieux, celui des héros et enfin celui des hommes, formant un cycle complet qui recommence indéfiniment, n’a sans doute plus de partisans ; mais il a le premier distingué la poésie spontanée, propre aux peuples jeunes, et la poésie d’art et d’étude, distinction dont personne ne s’était avisé au xvie ni au xviie siècle, parmi tant de théoriciens de l’épopée ! Dans le même ordre d’idées, il fut amené a mettre en doute la personnalité d’Homère, et à saisir la ressemblance qu’il doit y avoir entre la psychologie de l’enfance et celle de l’humanité primitive. De l’interprétation des plus anciennes légendes, il tenta de dériver une histoire critique des institutions politiques et juridiques du peuple romain à ses origines. Bien d’autres idées encore, aujourd’hui courantes, furent exprimées pour la première fois par Vico, et, il faut le dire, assez froidement accueillies par sa génération. Professeur de rhétorique à l’Université de Naples, depuis 1699 (en 1721, on lui refusa la chaire de jurisprudence), il vécut modestement, pauvrement même, au milieu de sa nombreuse famille, et obtint en 1735 les fonctions d'historiographe royal. Ce fut surtout après sa mort que l’influence de ses théories se fit sentir, et que son nom conquit une gloire qui n’a fait que grandir.

À ces deux grands précurseurs se rattachent à peu près tous les historiens et les philosophes italiens du xviiie siècle. On peut les classer en deux séries paral-