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Francesco di Leméne (1634-1704). Cet abaissement du diapason était en réalité un nouveau signe de stérilité, une diminution de la veine poétique; car il y avait du moins de l’imagination et de la verve dans les truculences de Marino. Avec la fausse simplicité et la fausse nafveté de Leméne et de Maggi, on tombe dans la platitude et la négligence.

L’Arcadie eut donc surtout la bonne fortune de trouver des couleurs séduisantes pour dissimuler cette impuissance : ce fut un hochet dont chacun s’amusa; tout le monde, méme les femmes, fit des vers, sur tout et h propos de rien. lnutile de dire que ces bergers et ces bergéres n’eure¤t jamais l’idée d°aller voir comment vivaient aux champs les patres véritables; leurs petits vers ne reflétaient méme pas les sentiments et les moeurs de la société italienne. On nageait en pleine convention, et la facilité tenait lieu de tout autre mérite. Comme si ces fadeurs ne valaient méme pas l’eH`ort qu’il faut pour les écrire, on se mit ia les improviser, et l’art prestigieux de l’improvisation fit rage; il conduisit un Bernardino Perfetti et une Corilla Olimpicai ia l’honneur supréme du couronnement au Capitole; ce fut une mascarade indigne de la majesté du lieu.

Peu de noms ont surnagé au inilieu de ce déluge de vers. Aucun des fondateurs de l’Arcadie n’était né poéte : Crescimbeni, investi le premier, et pendant trente ans, des fonctions de ec Custode », occupe un rang honorable dans Phistoire de la critique littéraire; Gravina, qui provoqua une scission momentanée dans la célébre Académie, fut un jurisconsulte distingué; ni llun ni l°autrc ne possédait la moindre faculté créatrice. ll ne resterait donc it peu pres rien de cette profusion dc vers, si certaincs poésies destinées ia étre mises en