Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/327

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE xvu• siizcms 307 la mythologie classique; et bien que l’auteur, pour flatter son siécle dévot, ait prétendu qu’il avait voulu combattre l`abus du paganisme dans l’art, son unique intention {`ut réellement de faire rire, et il y a parfois réussi, grace at sa verve un peu grosse et ii la vivacité de sa langue. Une orientation nouvelle et originale de la poésie badine se manifesta, vers le méme temps, dans l’ceuvre justemenl: célebre d’Alessandro Tassoni de Modéne (1565-1635), auteur de la Secchia rapita. Ce singulier personnage est une des figures les plus caractéristiques et les plus déconcertantes de son temps : par sa verve batailleuse, sa mzmie contredisante, sa prétentiou, légitime en soi, de ne vouloir accepter aucune idée toute faite, mais de soumettre les opinions regues a une critique sévere, Tassoni apparait, au seuil du xvii" siécle, comme une protestation vivante de la raison contre la soumission aveugle a l’aut0rité en matiére de poésie : il part en campagne contre Aristote; il déclare la guerre au pétrar- qulsme, sans épargner Pétrarque lui-méme. Mais der- riéro cette généreuse audace, on ne découvre pas le bon sens robuste, l’intelligence sure d’elle-méme et bien pondérée, qui seule aurait pu mener a bien cette oeuvre salutaire d’af;l`ranehissement et de retour a l’esprit de libre examen. Tassoni n’échappe pas at la fatalité qui pesait sur son temps i il est médiocrement équilibré. De la vient que, a coté d’0bservations fines, neuves, hardies, ses Pensieri contiennent péle-méle des opinions naives, paradoxales ou méme absurdes. Cet esprit agressif et mordant trouva un prétexte tout naturel a railleries dans les plates imitations que la Jérusalem délivrée suscitait journellement , simples répétitions des mémes procédés et des mémes épi· sodes. Deux tout au plus de ces pauvres éssais ont été