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290 L1TTi'.RATURE 1·rAL11=:1~:m; qui menacent les chrétiens jusque daus leurs retranehe- ments. La volonté divine rappelle enfin a leur poste les champions de la foi, et la victoire revient aux croisés. Telle est la trame du poéme; elle constitue cette unité, ce lien logique entre toutes les parties, que le Tasse considérait comme la condition premiére de l’épopée. On y trouve un reflet de la colére qui tient Achille éloigné du combat, tandis que les Troyens, sortis de leurs murs, repoussent les Achéens jusqu’a leurs vais- seaux; de son coté Godefroy a toute la perfection pas- sive et monotone du pieux Enée. Mais ceci n’est que le fond du tableau, et, il faut bien le dire, c’est a quoi le lecteur s’intéresse le moins : son attention se porte_ sur une brillante série d’épisodes, dont l’idée est empruntéc au Roland fizrieuz beaucoup plus souvent qu’aux clas- siques; Tandis que les croisés, obéissant a la volonté divine, s’apprétent ai l’attaque, les Musulmans font appel, pour se défendre, a la magie et a tous les maléfices de l’enfer : Armide, nouvelle Angélique, en attendant qu’elle devienne l’Alcine de ce poéme, se présente au camp des chrétiens, demandant aide et secours contre des oppresseurs imaginaires; et le charme irrésistible de sa beauté entraine a sa suite la fleur des chevaliers. Renaud, héros d'origine purement romanesque, choisi par le Tasse pour étre l’Achille et le Roger de la Jérusalem, l’ancétre des princes d’Este, tombera dans les piéges de la per- {ide enchanteresse; il faudra un ordre divin, avec un grand renfort de talismans, pour l’en arracher. Tancrede de Tarente cependant est aimé d’une Sarrasine, Her- minie, qui a été sa captive, et lui-méme s’éprend d`une guerriére infidele, Clorinde, en qui se retrouvent les traits de la Camille virgilienne, de la Marfise et de la Brada- mantc de l’Arioste. Une forét, ou les croisés veulent