Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/29

Cette page n’a pas encore été corrigée

La cause profonde de la Renaissance italienne doit donc étre recherchée dans les circonstances qui, des le XIII, et le x1v° siecle, ont développé et aH`ranchi la personnalité de l’Italien, et d`abord du Florentin. Au milieu des luttes incessantes auxquelles il est mélé, guerres de commune at commune, querelles intestines, rivalités individuelles, concurrence commerciale, il a appris a observer sans complaisance, a juger sans illusion les hommes et les choses, et a ne compter, le cas échéant, que sur lui- méme. Cette intelligence vraiment libre et consciente de sa valeur est bien vite devenue une force; c’est elle qui permet a- des banquiers et at des marchands — les Bardi, les Rucellai, les Strozzi, les Tornabuoni — de réaliser d’immenses fortunes et de se transformer en Mécenes; c’est elle qui fait d’un bourgeois enrichi, d’un Cosme, d’un Laurent de Médicis, l’arbitre de la politique florentine, ou plutot italienne; c’est d’elle seule enfin que s’inspirent les poetes et les artistes dans la conception toute nouvelle de leur réle social : ils ont comparé les agitations qui déchiraient les moindres cités d’Italie, avec l’existence tranquille, heureuse, embellie par les pures joies de la pensée et par la promesse de la gloire, qui avait été celle d’un Virgile et d’un Horace; ils méconnaissent des lors la grandeur et la beauté que la physionomie d’un Dante et son ceuvre devaient a ses épreuves d’exilé. Véritables épicuriens, ils préferent s’arranger une vie de paisible et fructueux labeur, couronnée par une immortalité dont ils daignent faire rejaillir une partie sur leurs protecteurs. La gloire — cet art de se rendre éternel, selon la définition de Dante -·— devient le réve de tous, et particulierement de ceux qui mtmient le pinceau, l’ébauchoir et la plume. Dans leurs ceuvres, ils traduisent, avec leurs senti-