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288 1.rr·r1inA·runn ITALIENNB guerres, médiocrement poétiques, de Bélisaire contre les Goths. Mais poétiques ou non, il n’en pouvait rien tirer, parce qu’il ne possédait aucune des qualités requises, et parce que le mécanisme de l’épopée est infiniment plus complexe que celui de la tragédie. En s’appliquant in copier Ylliade jusque dans les moindres détails de son poeme, le Trissin aboutit a d’étranges aberrations, témoin les anges, aH`ublés de noms pafens, auxquels il a fait jouer le role des divinités mélées ii l’action de l’IZiade. L’épopée du Trissin, enterrée le jour meme ou elle parut, suivant l’énergique expression de B. Tasso, eut du moins l’avantage de montrer clairement comment il ne fallait pas faire; l’expérience fut décisive, notamment en ce qui concerne la substitution du vers blancal’octave. La mésaventure du Trissin servit donc d’enseignement a ses conteniporains. Luigi Alamanni, apres avolr tiré d’un roman francais, Giron Ze Courtois, un poeme hati- vement improvisé (dédié a Henri II, 1548), entreprit de déguiser en chevaliers les héros d’Homere, et s’en tint a l’octave. Son poeme, Z'A¢¤archide (le siege d’Avarco: Bourges) suit pas a pas la fable de l'IZiade, moins les épi- sodes merveilleux 2 Avarco répond a Ilion, et son roi, le Vandale Clodasso, représente Priam; le chef des assié- geants, le roi Arthus, tient la place d’Agamemnon, Lan- celot celle d’Achille, Segurano celle d’Hector, et ainsi des autres; les noms de ces personnages étant empruntés, avec quelques détails accessoires, au Roman de Lancelot en prose, l’eil`ort d’imagination n’a pas été considérable. L’exécution, correcte et froide, ne réussit pas a dissi- muler le ridicule de cette mascarade épique. A y regarder de plus pres, cependant, Alamanni indiquait la solution du probleme, telle que le Tasse devait la réaliser, en subordonnant l’élém•nt chevaleresque, désormais indis-